Bravo !
Adopter un chien dans un refuge est, avant tout, une action positive et
vous donnez ainsi la possibilité à votre nouveau compagnon de mener une
vie heureuse. Maintenant, le succès d’une bonne relation repose beaucoup
sur vous : vous allez être son guide pour lui apprendre les règles de
la cohabitation humaine et de la vie dans notre société.
Voici quelques conseils pratiques pour vous aider dans les débuts de cette nouvelle vie ensemble.
Généralités
Un chien n’aime pas la solitude. Il a besoin de partager votre quotidien.
Un chien est un très bon compagnon pour vos enfants, mais il n’est pas un jouet. Apprenez à vos enfants à le respecter!
Laisser lui le temps d’apprendre vos habitudes. Tenez compte de son vécu préalable mais sans trop vous préoccuper de son passé.
La cohabitation avec un autre animal
Evitez absolument la première rencontre dans un espace restreint (couloir).
Entre deux chiens, organisez la rencontre en extérieur, dans un
espace libre et clos. Vous pouvez utiliser une longe de 5 mètres minimum
que vous laisserez très lâche mais, surtout, ne présentez pas les
chiens en tirant sur les laisses. Ne forcez pas les chiens à s’approcher
l’un de l’autre.
S’agissant d’un chat, attachez par sécurité votre chien (après l’avoir promené) et laissez le félin se présenter à lui.
En votre absence, mettez chat et chien dans des pièces séparées tant que vous n’êtes pas certains de leurs réactions.
L'arrivée à la maison
Donnez-lui un peu à manger et, surtout, à boire, puis détendez-le avec une bonne promenade.
Sortez toujours votre chien en laisse les premières semaines : votre
chien doit apprendre que vous êtes ses nouveaux maîtres et prendre aussi
ses repères.
Faites lui visiter uniquement
les parties de la maison qui lui seront autorisées et fermez les portes
des pièces qui lui seront interdites.
Parlez-lui doucement et calmement, laissez-le venir à vous plutôt que
d’essayer de forcer son affection. Il arrive dans un nouvel univers
auquel il doit s’habituer.
La première nuit
Définissez dès son arrivée, son lieu de couchage dans un endroit calme
où il pourra se reposer sans être dérangé (quand le chien dort, et
qu’il ne vous voit donc pas arriver, il peut prendre peur et avoir une
réaction agressive). Ne choisissez pas un lieu de passage (entrée,
couloir, bas d’escalier). Un chien a besoin de repères, d’un endroit
bien à lui où il se sentira en sécurité, où il aimera apporter ses
jouets.
Les premières nuits, votre animal,
un peu désorienté, risque de pleurer. Ne pas intervenir si les
gémissements sont supportables. Sinon, déplacer son panier vers un
endroit plus proche de vous, où il se sentira plus sécurisé, mais au fil
des jours, ramenez-le à sa place initiale.
L’éducation de votre chien
De façon générale, r
éussir
l’éducation de son animal, c’est lui permettre de comprendre que tel
comportement est toujours admis, souhaité même, et que tel autre n’est
jamais toléré. En conséquence, il convient de lui apprendre quelle doit être la bonne façon d’agir.
Votre
chien saura qu’il a compris à chaque fois qu’il percevra votre
satisfaction : une bonne caresse renforcée par un « OUI » enthousiaste. Soyez motivant pour lui !
Dans
la famille, employez tous, les mêmes mots courts, pour vous adresser à
lui : « Viens » « Stop » « Dehors » … Vos gestes, vos expressions, le
ton de votre voix, aident au moins autant votre chien à comprendre que
l’ordre oral donné.
Quel que soit son âge,
vous pouvez modifier l’éducation et les habitudes de votre nouveau
compagnon pourvu que ceci soit fait dans le respect de sa nature de
chien et dans un esprit de complicité. Une bonne éducation demande : douceur, tolérance, constance et cohérence.
La propreté
Beaucoup de chiens adoptés auprès de refuges étaient propres dans
leur précédent foyer. La configuration des enclos d’un chenil ne permet
pas toujours au chien d’éliminer loin de son lieu de couchage. Votre
chien aura donc peut être besoin d’un temps d’adaptation afin de
comprendre où et quand il doit faire ses besoins. S’il a fait au mauvais
endroit,
impérativement, ne le grondez que si vous le prenez sur le fait.
Un « NON » ferme est suffisant, ne criez pas! Emmenez-le alors au bon
endroit immédiatement. Certains signes comme renifler partout ou tourner
en rond doivent vous alerter.
Etablissez une routine :
sortez votre chien chaque jour aux mêmes heures, par exemple le matin
dès son réveil, lorsque vous arrivez du travail et avant d’aller vous
coucher. Au début, sortez-le après chaque repas ou chaque repos. Pendant
qu’il élimine, utilisez un mot ou quelques mots comme « fais tes
besoins » qu’il connaitra rapidement.
Félicitez le chaleureusement immédiatement après
(assurez vous qu’il a bien fini avant), ne considérez pas que ce qu’il a
fait est naturel. C’est la seule façon de lui faire comprendre ce que
vous attendez de lui Respectez autrui en ramassant ses crottes.
Si
vous découvrez trop tard un « accident », nettoyez toujours hors de sa
présence avec un détergent sans javel, du vinaigre blanc, de l’essence
de citronnelle ou de l’alcool. Si vous le punissez alors, le chien aura
peur de vous ou peur d’éliminer en votre présence ou encore cherchera à
ingérer ses excréments pour les faire disparaître. Les animaux ne
comprennent pas les punitions après les faits.
Nourriture
Un
ou deux repas quotidiens au calme, si possible à heures fixes (le chien
est un animal qui aime les habitudes), sans aucune autre alimentation
en dehors de ces moments.
Créez de petits rites avec lui–
les chiens adorent cela – comme lui demander de s’asseoir et
d’attendre votre feu vert pour avoir sa gamelle mais ne cherchez pas à
la lui reprendre ce qui créerait une anxiété chez lui.
S’il n’a pas tout mangé, enlevez-lui sa gamelle au bout d’un quart d’heure, ce sera un indice pour lui.
Vous lui envoyez alors un message très signifiant : « Je suis ton
chef, c’est moi qui décide du moment où tu peux te nourrir ».
Le chat lui, se nourrit peu à chaque fois, mais tout au long de la
journée. Laissez-lui sa gamelle à disposition en hauteur, hors de portée
du chien.
Votre chien doit toujours avoir de l’eau fraîche à disposition.
Sorties et jeux
Les promenades quotidiennes lui sont nécessaires,
même s’il dispose d’un grand espace. Un chien connaît vite son jardin
et s’ennuie s’il n’est pas sorti. Bien des problèmes de comportement
(aboiements, fugues…) sont ainsi souvent évités.
Le chien a
besoin de ces moments pour se dépenser et communiquer avec ses
congénères. Les sorties doit démarrer calmement, laisse détendue.
Si le chien tire sur sa laisse, halète, s'énerve : arrêtez vous, faites poser le chien et
attendre systématiquement que l’excitation du chien baisse avant de poursuivre la promenade. Un licol « halti » peut aussi vous rendre service.
Gardez toujours la laisse très détendue lorsque vous rencontrez un autre chien.
Autrement votre chien vous ressentira comme anxieux de la rencontre et
sera alors lui-même en alerte. Les chiens pourront alors faire
connaissance. Si la personne en face ne vous semble pas à l’aise et tire
elle-même sur la laisse, passez votre chemin !
Passez du temps
pour jouer avec lui et mettez en place de petits rituels comme de donner
la patte pour obtenir son jouet. Ces rituels sont importants et
l’aident à se sentir à sa place dans la famille.
Caresses
Il est important de créer des liens d’attachement : le chien a besoin d’aimer et d’être aimé. Celui que vous avez adopté peut être peureux ou à l’opposé très expansif.
S’il est peureux, laisser le venir à vous et parlez lui très calmement. Il arrive dans un nouvel univers et doit s’habituer à sa nouvelle famille.
Si, à l’inverse, votre chien est très démonstratif, saute, demande sans arrêt des caresses, vous devez prendre l’initiative des contacts.
Ceci signifie, ne pas caresser le chien qui vient quémander vos
faveurs, attendre qu’il se calme. C’est vous qui allez maintenant lui
demander de venir pour le caresser. Pourquoi ? En toute bonne foi, nous
commettons parfois l’erreur suivante : parce que ce chien a eu un passé
douloureux, nous cherchons à compenser en lui prodiguant un excès
d’attentions et de caresses. Que risque-t-il de se passer alors ? Votre
chien risque de s’attacher trop à vous au point de ne pouvoir vivre hors
de votre vue sans connaître une grande angoisse. Celle-ci risque de se
manifester par des aboiements, des hurlements, des pleurs ou des
destructions en votre absence.
Nous vous conseillons donc dès le
début de faire comprendre à votre chien qu’il aura toutes vos caresses à
condition d’être calme auparavant. Si par exemple, votre chien vous
accueille en faisant des bonds, ignorez le, détournez vous sans le
regarder et sans lui parler. Dès que le chien sera tranquille, appelez
le et faîtes lui autant de câlins que vous souhaitez. En effet, si sa
démonstration d’amitié vous semble sympathique, vous l’apprécierez
moins, le jour où il aura sali avec ses pattes, votre tenue claire ! Si
ces bonds de joie font chuter un jeune enfant ou une personne âgée, ce
peut même être dangereux.
Lui apprendre à rester seul
Chez
les canidés sauvages et domestiques, les animaux vivent en groupes
organisés.et font très jeunes, l’apprentissage des modes de
communication propres à leur espèce. Chaque membre apprend qu’il occupe
une place précise dans la meute et qu’il y a des règles à respecter.
Ainsi, si le bébé chiot se voit autoriser beaucoup de choses par sa mère
et a des contacts très fréquents, vers 5-6 mois, celle-ci va apprendre
au jeune chien l'autonomie. Elle les écarte, progressivement, puis les
repousse au moment du sevrage. C’est une vraie coupure du cordon
ombilical et le jeune apprend à rester seul. Donner à votre chien une
autonomie, c’est donc respecter sa nature de chien et en faire un chien
équilibré.
Durant vos premières absences, votre chien risque de
pleurer en se croyant à nouveau abandonné. Il est donc essentiel de lui
donner de bonnes habitudes. Vous allez lui faire comprendre que votre
départ n’est pas synonyme d’abandon mais que vous revenez toujours. Que
faire pratiquement ? Sans lui parler ni le regarder, commencez par
quitter la pièce dans laquelle se trouve le chien (sans la fermer) et
habituez le à rester seul 5 minutes (pour faire la vaisselle par
exemple). Peu à peu, allongez la durée de votre absence. Il va alors
s’habituer et ne craindra pas la solitude.Vous pouvez aussi faire
l’exercice suivant : préparez vous comme lorsque vous partez au travail
ou en courses (manteau, clefs…), sortez sans regarder le chien ni lui
parler, attendez quelques minutes à l’extérieur, rentrez (à nouveau sans
lui parler ni le regarder pendant quelques minutes, même si cela vous
semble dur !). Très vite, vos entrées et sorties deviendront banales
pour lui.
Quelques autres petits trucs : laisser la radio en
marche, une lumière allumée, et donnez lui un os de buffle, des jouets
(le « kong » par exemple que l’on peut remplir avec une friandise qu’il
va s’amuser à grignoter).
Votre chien et vos enfants
Expliquez
à votre enfant qu’il doit se présenter calmement au chien pour ne pas
l’effrayer. Ne laissez jamais votre enfant seul avec votre chien. Un
très jeune enfant peut avoir des gestes incohérents aux yeux du chien.Faire
comprendre à l’enfant que le chien est un être vivant et non un jouet,
on doit le respecter, le laisser tranquille lorsqu’il va dans son panier
se reposer ou lorsqu’il mange, ne pas crier, lui faire du mal, ne pas
le surprendre, le manipuler dans tous les sens ou lui faire peur....
Très
important : Apprenez à votre enfant qu’un grognement c’est un
avertissement de la part du chien (et non de la méchanceté) qui est là
pour lui signaler que le chien a peur ou est mal à l’aise.
CONCLUSION
C’est
en respectant la nature du chien que nous aurons un compagnon agréable.
Ces conseils vous aideront à structurer votre chien pour en faire un
chien équilibré, bien dans ses poils.
Martine Brun - comportementaliste