C’est grandir dans un endroit
confiné, sans clarté
C’est se contenter
de pain sec et eau qu’un bipède sans
compassion nous donne de temps en temps
À quelques mois, né galgo, je suis obligé de travailler et subir des entrainements sans pitié
Je comprends vite que ce n’est
pas une partie de jeu
Je dois être le plus rapide si je
veux vivre
Attraper ce lièvre est mission de
survie
Le bipède ne m’autorise aucun
écart
Moi, un de ses outils de travail,
je dois obéir,
Faute de quoi mon corps portera les stigmates de ses
sanctions
Je vois mes proches moins
performants souffrir, puis mourir
Je n’ai pas le choix que de
servir ce bipède
A un an, j’ai la force nécessaire
pour subir cette vie malgré la faim qui me tiraille
A deux ans, je suis usé. Deux saisons de chasse passées, mes articulations et ma rapidité me font défaut
Ensuite, cela tient du miracle,
mais je suis encore là grâce à ma force intérieure
Puis, je commence à lâcher prise,
mon corps ne peut plus continuer à ce rythme et dans ces conditions
Est venu pour moi, le temps de me
faire une raison : je suis devenu moins performant. Je sais ce qui
m’attend. C’est à mon tour de mourir.
C’est dans une perrera que le
bipède me laisse sans même se retourner.
Moi qui l’ai servi sans jamais me rebeller.
Je me retrouve parmi une dizaine
de galgos tous aussi perdus que moi. Que
nous arrive-t-il ? Qu’est-ce que
l’on a fait pour mériter cela ?
Les jours se succèdent. Si cela continue, tous ne tiendront pas le
coup.
Je me souviens de ce 4ème
jour où deux nouveaux bipèdes se sont approchés de nous. Ils avaient un regard différent de ce que j’avais
connu jusque-là. Les yeux brillants et
les mains tremblantes, ils essayent de
nous toucher. Apeurés, nous n’osons pas
les approcher. Que nous
veulent-ils ? Après quelques
échanges avec le responsable de cette perrera, nous sommes tous embarqués dans
un grand véhicule. Tremblants, nous nous
demandons ce qui nous attend.
Le moteur s’arrête, les portes
s’ouvrent et des bipèdes avec les yeux remplis de larmes nous prennent dans
leurs bras et nous couvrent de caresses.
Je suis emmené dans un local
spacieux et lumineux. C’est le
premier moment de détente de ma vie : un bain. Ensuite, on m’examine et me prodigue des
soins. Je suis même pris en photos.
Après toutes ces émotions, je
retrouve mes camarades de voyage dans un patio de détente avec nourriture à
volonté.
Je comprends ce qui
m’arrive. J’ai été secouru in extrémiste
et pris en charge par ce que l’on appelle des Hommes. Je suis sauvé ! Une chance incroyable
quand on connait le nombre de galgos sacrifiés chaque année.
Au fil des jours puis des
semaines, je découvre la vie. Je
commence à avoir envie de faire connaissance avec ces Hommes et Femmes qui
viennent plusieurs fois par jour me voir, me parler et me caresser.
Je reprends des forces, deviens
beau malgré les cicatrices qui recouvrent mon corps. On ne me demande plus de
servir mais me propose de jouer, de me balader.
Il me faut un temps d’adaptation car ce changement radical me laisse
perplexe. Est-ce que cela va durer ?
Au bout de quelques semaines, une
Femme me place dans une sorte de grande cage puis m’emmène à l’arrière d’un
véhicule. Elle me rassure et n’arrête pas de me dire : « ca y
est ; c’est le grand jour pour toi.»
Je suis embarqué au milieu de
valises dans un endroit étrange. A bout
de quelques minutes, j’ai une sensation bizarre, l’impression de planer et mes oreilles
bourdonnent. Que
m’arrive-t-il ?
3 h plus tard, les portes de
l’endroit étrange s’ouvrent et ma cage est débarquée. La Femme me réceptionne et me déplace dans de longs dédales. Où va-t-on ? Il fait plus frais ici.
J’aperçois une Femme et un Homme
qui se tiennent la main. Les yeux plein
de larmes, ils ouvrent ma cage, me câline et
glisse quelques mots dans mon oreille : « on t’attend depuis
si longtemps. Bienvenu parmi nous pour
toujours ».
Je comprends que maintenant, je
vais commencer ma vie de galgo né en Espagne mais adopté en Belgique. J’ai déjà 6 ans, mais beaucoup d’années de
bonheur à VIVRE. Je vais enfin être
heureux et donner au centuple l’amour que je vais recevoir. Je veux que ma famille d’adoption se
dise : un galgo un jour, un galgo toujours. J’ai une pensée pour tous ceux qui sont encore
là-bas, dans le patio …
Quel tres beaux texte ...et je souhaite que cela soit le cas pour chaque galgos ne en Espagne que des hommes et des femmes au grand coeur sauve ces martyrs de leur enfer et que leur vie soit sauvee ....qu ils puissent etre adoptes par d autres personnes au grand coeur qui les aimeront les respecteront le restant de leur vie ...j etait un galgos ne en Espagne et aujourd hui je suis un galgos libre ...........
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