Au printemps, la colonie quitte le nid en file indienne, et
va s'enfouir dans le sol, où chaque chenille va tisser son propre cocon et se
transformer lentement d'abord en chrysalide, puis en papillon.
QU'EST-CE QU'IL A ENCORE FAIT, CE CHIEN ?
Pour un chien qui aime bien mettre son nez partout, aller
explorer ce long ruban qui s'agite au ras du sol est tout de même bien tentant.
Les chiens les plus exposés sont les très jeunes, qui ont tout à découvrir, et
les très vieux, qui perdent un peu la tête. Entre les deux, les adultes se font
moins souvent avoir. Les chiens souffrant d'un trouble du comportement
diminuant leur capacité à se contrôler (syndrome
hypersensibilité-hyperactivité, notamment), sont aussi des victimes toutes
désignées.
L'envenimation est due aux poils urticants de la chenille,
qui contiennent une toxine, la thaumatopoéine.
Celle-ci provoque d'importantes réactions irritatives et/ou allergiques.
Les chiens sont avant tout atteints à la langue : juste
après l'accident, ils vont voir leur maître(sse) en bavant avec un air tout
malheureux, et dans les minutes qui suivent, la langue commence à gonfler,
parfois de façon très spectaculaire : elle peut devenir rouge, puis noire, et
enfler au point de ne plus tenir à l'intérieur de la bouche.
Dans les cas les plus graves, l'extrémité, voire une bonne
moitié de la langue nécrose et tombe ! ce qui nous donne, quelques semaines
plus tard, des chiens avec le bout de la langue dentelé, ou dans les cas plus
graves, avec un moignon de langue qui s'arrête au milieu de la bouche. Notons
que même dans ce dernier cas, les chiens arrivent à boire et à manger : ils en
mettent un peu partout, mais ils se débrouillent, et c'est bien là l'essentiel.
Œdème de l'auge |
Au-delà de la langue, la suite du tube digestif peut être
affectée, si le chien est allé jusqu'à avaler des chenilles : l'œsophage et
l'estomac peuvent se retrouver dans le même état que la langue, et là, c'est
évidemment beaucoup plus embêtant. Les autres organes de la face (babines, nez,
yeux…), peuvent aussi être atteints, s'ils ont été en contact avec les
chenilles.
LE TRAITEMENT
Si votre chien vient de mettre son nez dans une procession
de chenilles et revient avec la langue gonflée, ou que vous le voyez tout
simplement baver d'un air malheureux en rentrant du jardin, entre janvier et
mars, il faut le présenter rapidement à votre vétérinaire. La première chose à
faire sera de lutter contre l'inflammation et le choc avec des corticoïdes
d'action rapide, et contre la douleur avec des antalgiques. Une couverture
antibiotique limitera les risques d'infection. Une alimentation par sonde et
une mise sous perfusion peuvent être nécessaires dans les cas les plus
difficiles.
Les avis divergent concernant les soins locaux : on
conseille généralement de rincer abondamment les parties touchées, afin
d'éliminer sans les casser un maximum de poils urticants… ce qui demande au
moins une forte sédation. D'autres protocoles plus agressifs (injection sous
pression d'héparine à l'intérieur de la langue, sous anesthésie générale, par
exemple), sont plus discutés. Malheureusement une fois le processus en route,
il n'y a pas grand chose à faire pour l'arrêter, la nécrose ira à son terme.
L'important est de faire en sorte que le chien souffre le moins possible, et
d'éviter les complications dues à l'inflammation, à l'état de choc, et aux
surinfections.
Largement inspiré d'un article écrit par la clinique vétérinaire Calvison.
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