J'aimerais vous raconter ...
Lorsque nous partons pour récupérer
des galgos ou podencos, tout ne se passe pas, vous vous en doutez,
toujours très bien. Nous nous trouvons parfois, souvent même face
à des bourrus, des violents et parfois comme c'est le cas ici, dans
l'histoire que je vais vous conter, à des galgueros/podenqueros qui
nous font du chantage.
Le début de cette histoire commence
voici déjà quelques mois. Régulièrement, je me rends en
compagnie d'Isabel chez un podenquero qui possède aussi quelques
galgos.
Au début, c'est devant son habitation
que nous nous arrêtons. Là, nous voyons régulièrement des
chiens, de toutes races, attachés aux roues d'un camion, la chaine à
peine suffisament longue pour leur permettre de se lever et se
dégourdir les pattes.
Lors de ces visites, nous repartons souvent
les bras chargés de podencos et parfois avec au bout d'une laisse
l'un ou l'autre galgo plus d'autres chiens dont il veut se
débarasser.
Petit à petit, la confiance s'installe entre lui
et nous ... et puis un jour, il nous invite à rentrer et nous montre
fièrement son « cheptel ». Des dizaines de podencos
sont devant nous, entassés les uns sur les autres ; ils peuvent
à peine bouger.
Au gré de son humeur, il nous en remet quelques
uns dans les bras et nous repartons au pas de course vers le camion
car nous craignons qu'il ne change d'avis.
Les mois passent et il est de moins en
moins prudent lorsque nous le rencontrons. Lors de chacune de nos
visites nous sentons combien l'atmosphère est irrespirable,
l'ambiance lourde ... jusqu'au jour où, il ne prend plus la peine
d'essuyer les traces de sang au sol et au mur ; traces qui nous
laissent imaginer l'horreur de ce qu'il vient de se passer.
Et puis il y a ce jour où, alors qu'il
nous demandait de le débarasser de certains de ses chiens sinon ils
les mettaient à mort, je croise le regard d'une petite galga à la
robe grise ... Au début, je ne l'avais même pas remarquée tant
elle se faisait discrète. Impossible pour elle de se déplacer, une
lourde chaine longue de 50 cm l'arrimait au mur.
Le pondenquero
était ce jour-là d'humeur joviale, généreux dans les podencos
dont il voulait se débarrasser ... Alors, j'ai tenté une oeillade en
direction d'Isabel qui a immédiatement compris que j'aimerais qu'il
nous laisse la galga.
Dans ces moments, il est préférable de ne
pas se faire trop insistant mais l'état de « la petite »
attachée à cette courte chaine ne pouvait nous laisser
indifférentes.
Isabel lui a demandé : « et celle-ci,
tu nous la donnes » ?
L'homme a ri, avec son sourire édenté
et nous a répondu : « elle, certainement pas, elle va
encore me servir et puis, j'ai un ami galguero qui veut l'essayer la
semaine prochaine ... si elle ne lui convient pas, revenez, on verra
... »
La semaine suivante j'étais bien sûr
de retour en Belgique, l'image de la galga me hantant jour et nuit,
ne sachant pas si la chaine était suffisament longue pour qu'elle
puisse au moins s'asseoir.
Avec Isabel, nous nous
appelons régulièrement, lors de mes séjours au refuge nous nous
rendons chez le podenquero ... nous récupérons des podencos mais la
petite est toujours là, attachée. Il refuse de la laisser ;
elle est toujours vivante mais de moins en moins en bonne forme.
Je glisse à l'oreille de la
« petite » que je ne la laisse pas tomber, je lui demande
de s'accrocher, lui promets de venir la chercher mais les semaines
passent et la détermination du podenquero à ne pas nous la laisser grandit.
Je
sais qu'Isabel est dans le même état que moi, elle veut cette galga
... lorsque l'on voit cela, on ne peut se résoudre et baisser les
bras même si parfois c'est le désespoir qui gagne...
Le mois
de décembre est là, les abandons de galgos sont massifs et Isabel
me dit : « Tu vas voir, il va me la laisser ... ».
Mais
non, rien n'y fait, il nous donne d'autres chiens mais elle, non !
Janvier, coup de théâtre il appelle :
« je vais faire une mise à mort ; vous venez ou je les
massacre ? »
Nous lui retirons tous les chiens dont
il veut se débarasser ... la grise ne fait pas partie du lot :
pour elle il nous demande 1000 Euros !!!
Nous ne cèdons jamais à ce genre de
chantage, nous le quittons, déçues et heureuses d'avoir pu en
sauver.
4 mars, à sa demande, des bénévoles
du refuge se rendent chez lui, il demande qu'on le débarasse de ses
chiens.
« Si vous m'emportez ces deux bergers allemand et
les chiots, le teckel et les deux podencos, je vous donne trois
galgos ». Les bénévoles préviennent Isabel qui se rend
immédiatement sur place, la petite grise fait partie du lot. Elle
est en sang, il vient de lui arracher sa micro puce à vif, ses
pattes ont du mal à la faire marcher tant elle en a passé des mois
attachée au mur, elle est maigre, a de nombreux coups mais elle est
en vie !
Pendant ce sauvetage, l'équipe
découvrira d'autres endroits où le podenquero
« stockait ses chiens », des enclos improvisés le long
des rails du chemin de fer, etc.
C'est là qu'Isabel sauvera
in-extremis un chiot qui allait se faire happer par le train ... un
peu plus loin, sur les rails, le corps en décomposition d'un podenco
....
« C'est là que je les jette » dira-t-il « lorsque le train passe »
Vendredi 6 mars, de beau matin, Isa m'appelle et m'ordonne de ne pas bouger : « reste là, ne bouge pas, j'ai une surprise pour toi » ...
Elle porte dans
ses bras le corps d'une petite galga enmitoufflé dans un manteau.
De loin, je ne peux la reconnaître mais je sais que c'est elle ...
Isa la pose sur le sol, ses pattes la soutiennent et là, je la regarde
faire ses premiers pas de galga « libre » ...
Je lui dis : « je te l'avais
promis ! » A ce moment précis je sais qu'elle a reconnu
ma voix, elle s'est dirigée vers mois et s'est arrêtée net devant
moi alors, pour la première fois, j'ai pris sa toute petite tête
entre mes mains ...
Que dire de plus si ce n'est remercier
de tout mon coeur Isabel grâce à qui j'ai une fois encore compris
que je ne devais pas baisser les bras et qui m'a donné encore plus de
courage dans ce terrible combat.
Aujourd'hui, j'ai donné un
nouveau nom à « la petite galga grise », elle s'appelle
MIA !
Mia veut dire « mienne » en
italien car à jamais « mienne » elle restera, au moins
dans mes pensées ...
youpieee bienvenue parmi nous MIA tu es sortie de l'enfer - fais-lui plein de caresses avant de revenir
RépondreSupprimerNadine