dimanche 8 mars 2015

Sauvetage de Mia


J'aimerais vous raconter ...
Lorsque nous partons pour récupérer des galgos ou podencos, tout ne se passe pas, vous vous en doutez, toujours très bien. Nous nous trouvons parfois, souvent même face à des bourrus, des violents et parfois comme c'est le cas ici, dans l'histoire que je vais vous conter, à des galgueros/podenqueros qui nous font du chantage.

Le début de cette histoire commence voici déjà quelques mois. Régulièrement, je me rends en compagnie d'Isabel chez un podenquero qui possède aussi quelques galgos.
Au début, c'est devant son habitation que nous nous arrêtons. Là, nous voyons régulièrement des chiens, de toutes races, attachés aux roues d'un camion, la chaine à peine suffisament longue pour leur permettre de se lever et se dégourdir les pattes.
Lors de ces visites, nous repartons souvent les bras chargés de podencos et parfois avec au bout d'une laisse l'un ou l'autre galgo plus d'autres chiens dont il veut se débarasser.

Petit à petit, la confiance s'installe entre lui et nous ... et puis un jour, il nous invite à rentrer et nous montre fièrement son « cheptel ». Des dizaines de podencos sont devant nous, entassés les uns sur les autres ; ils peuvent à peine bouger.
Au gré de son humeur, il nous en remet quelques uns dans les bras et nous repartons au pas de course vers le camion car nous craignons qu'il ne change d'avis.
Les mois passent et il est de moins en moins prudent lorsque nous le rencontrons. Lors de chacune de nos visites nous sentons combien l'atmosphère est irrespirable, l'ambiance lourde ... jusqu'au jour où, il ne prend plus la peine d'essuyer les traces de sang au sol et au mur ; traces qui nous laissent imaginer l'horreur de ce qu'il vient de se passer.

Et puis il y a ce jour où, alors qu'il nous demandait de le débarasser de certains de ses chiens sinon ils les mettaient à mort, je croise le regard d'une petite galga à la robe grise ... Au début, je ne l'avais même pas remarquée tant elle se faisait discrète. Impossible pour elle de se déplacer, une lourde chaine longue de 50 cm l'arrimait au mur.
Le pondenquero était ce jour-là d'humeur joviale, généreux dans les podencos dont il voulait se débarrasser ... Alors, j'ai tenté une oeillade en direction d'Isabel qui a immédiatement compris que j'aimerais qu'il nous laisse la galga.
Dans ces moments, il est préférable de ne pas se faire trop insistant mais l'état de « la petite » attachée à cette courte chaine ne pouvait nous laisser indifférentes.
Isabel lui a demandé : « et celle-ci, tu nous la donnes » ?
L'homme a ri, avec son sourire édenté et nous a répondu : « elle, certainement pas, elle va encore me servir et puis, j'ai un ami galguero qui veut l'essayer la semaine prochaine ... si elle ne lui convient pas, revenez, on verra  ... »
La semaine suivante j'étais bien sûr de retour en Belgique, l'image de la galga me hantant jour et nuit, ne sachant pas si la chaine était suffisament longue pour qu'elle puisse au moins s'asseoir.

Avec Isabel, nous nous appelons régulièrement, lors de mes séjours au refuge nous nous rendons chez le podenquero ... nous récupérons des podencos mais la petite est toujours là, attachée. Il refuse de la laisser ; elle est toujours vivante mais de moins en moins en bonne forme.
Je glisse à l'oreille de la « petite » que je ne la laisse pas tomber, je lui demande de s'accrocher, lui promets de venir la chercher mais les semaines passent et la détermination du podenquero à ne pas nous la laisser grandit.

Je sais qu'Isabel est dans le même état que moi, elle veut cette galga ... lorsque l'on voit cela, on ne peut se résoudre et baisser les bras même si parfois c'est le désespoir qui gagne...

Le mois de décembre est là, les abandons de galgos sont massifs et Isabel me dit : « Tu vas voir, il va me la laisser ... ».
Mais non, rien n'y fait, il nous donne d'autres chiens mais elle, non !
Janvier, coup de théâtre il appelle : « je vais faire une mise à mort ; vous venez ou je les massacre ? »
Nous lui retirons tous les chiens dont il veut se débarasser ... la grise ne fait pas partie du lot : pour elle il nous demande 1000 Euros !!!

Nous ne cèdons jamais à ce genre de chantage, nous le quittons, déçues et heureuses d'avoir pu en sauver.

4 mars, à sa demande, des bénévoles du refuge se rendent chez lui, il demande qu'on le débarasse de ses chiens.
« Si vous m'emportez ces deux bergers allemand et les chiots, le teckel et les deux podencos, je vous donne trois galgos ». Les bénévoles préviennent Isabel qui se rend immédiatement sur place, la petite grise fait partie du lot. Elle est en sang, il vient de lui arracher sa micro puce à vif, ses pattes ont du mal à la faire marcher tant elle en a passé des mois attachée au mur, elle est maigre, a de nombreux coups mais elle est en vie !


Pendant ce sauvetage, l'équipe découvrira  d'autres endroits où le podenquero « stockait ses chiens », des enclos improvisés le long des rails du chemin de fer, etc.











C'est là qu'Isabel sauvera in-extremis un chiot qui allait se faire happer par le train ... un peu plus loin, sur les rails, le corps en décomposition d'un podenco ....





« C'est là que je les jette » dira-t-il « lorsque le train passe »


 

























Vendredi 6 mars, de beau matin, Isa m'appelle et m'ordonne de ne pas bouger : « reste là, ne bouge pas, j'ai une surprise pour toi » ...
Elle porte dans ses bras le corps d'une petite galga enmitoufflé dans un manteau. De loin, je ne peux la reconnaître mais je sais que c'est elle ... Isa la pose sur le sol, ses pattes la soutiennent et là, je la regarde faire ses premiers pas de galga « libre » ...
Je lui dis : « je te l'avais promis ! » A ce moment précis je sais qu'elle a reconnu ma voix, elle s'est dirigée vers mois et s'est arrêtée net devant moi alors, pour la première fois, j'ai pris sa toute petite tête entre mes mains ...

Que dire de plus si ce n'est remercier de tout mon coeur Isabel grâce à qui j'ai une fois encore compris que je ne devais pas baisser les bras et qui m'a donné encore plus de courage dans ce terrible combat.

Aujourd'hui, j'ai donné un nouveau nom à « la petite galga grise », elle s'appelle MIA !
Mia veut dire « mienne » en italien car à jamais « mienne » elle restera, au moins dans mes pensées ...








1 commentaire:

  1. youpieee bienvenue parmi nous MIA tu es sortie de l'enfer - fais-lui plein de caresses avant de revenir
    Nadine

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